Les pathologies des enduits de façades à base de liant hydrauliques

1 – Les enduits à base de liant hydraulique.

Ce type d’enduit ou crépi à plusieurs fonctions :

Il permet d’obtenir la planéité, l’imperméabilité de la paroi qu’il recouvre tout en lui donnant son aspect final, projeté, gratté, écrasé ou taloché.

Il est donc important que cet enduit soit durable.

Ces enduits sont réalisés avec des mélanges confectionnés en usine (mortiers industriels) ou plus rarement sur le chantier (mortiers de chantier). Ils sont généralement constitués de ciment, chaux, sable, colorants, adjuvants et charges, qui sont mélangés à l’eau.

Ces enduits sont poreux tout comme la maçonnerie qui constitue le support (blocs de béton, briques, etc)

L’ensemble peut donc manquer d’étanchéité à l’eau.

Pourtant, dans son ensemble la façade doit être étanche. Il n’est pas admissible que la pluie atteigne l’intérieur de la maison et provoque des dommages perceptibles dans les parties habitables.

Comment être certain que les matériaux constituants une façade assurent l’étanchéité à la pluie ?

Il y a plusieurs facteurs :

  • L’épaisseur du mur
  • Le type d’enduit, ses performances et son état de dégradation.
  • L’exposition des façades
  • La hauteur des bâtiments
  • La nature hydrophile ou non de l’isolant placé à l’arrière de la façade.

Une façade ne vieillira pas convenablement si le crépi qui la recouvre est fissuré, anormalement poreux ou décollé.

2 – La fissuration des enduits

a. La responsabilité du support

Le crépi est un revêtement rigide, il ne résiste donc pas aux effets de dilatation des matériaux entrainant ainsi des fissures de l’enduit.

Pour limiter ce désordre, les maçons utiliseront autant que possible des matériaux avec des coefficients de dilatation proches et les enduiseurs poseront avant l’application de l’enduit un grillage au niveau des jonctions des différents matériaux afin de limiter les fissures du crépi.

Cette pathologie est facilement identifiable dans la mesure où les fissures suivent les contours des différents matériaux qui constituent la façade.

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Les matériaux constituant les façades de cette maison sont :

  • Des pierres meulières
  • Des parpaings
  • Du ciment recouvert d’une peinture.

Si les façades de cette maison devaient être recouvertes d’un crépi, nous pourrions être sceptique sur la bonne tenue de l’enduit dans le temps.

b. La fissuration de retrait propre à l’enduit

Ces fissures sont de surface et ne concernent que l’enduit. Ces fissures de retrait partent en étoiles ou forment un maillage, c’est ce qu’on appelle le faïençage.

Ces pathologies sont souvent liées à un excès d’eau de gâchage ou à un mélange trop riche en ciment. Cette étape est donc primordiale à la bonne réussite de l’enduit.

L’enduiseur aura également une influence sur le résultat dans l’application de l’enduit : préparation du support, respect des quantités et épaisseurs, respect des temps de séchage, etc.

Enfin, les conditions hygrothermiques lors du séchage peuvent aussi être à l’origine de fissures.

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c. La fissuration d’enduits sur supports anciens

Sur ce type de façades en enduit hydraulique, il faudra prévoir une mise en œuvre en plusieurs couches avant d’appliquer l’enduit monocouche qui sera utilisé en finition.

Ces enduits seront réalisés sur un grillage préalablement fixé au support.

Le temps de séchage de chaque couche devra être respecté pour que les enduits aient le temps de durcir et que le phénomène de retrait puisse se faire avant d’être recouvert.

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d. La porosité excessive des enduits de façade      

L’enduit participe à l’étanchéité de la façade. Un enduit trop poreux absorbe l’eau comme un buvard.  Ces crépis manquent de dureté et seront plus friables avec le temps, créant ainsi des microfissures.

e. Le manque d’épaisseur de l’enduit

Il peut amener à des problèmes de porosité et perméabilité excessive. Il doit être au minimum de 10 mm. Le manque d’épaisseur du crépi dans ces conditions entrainera des cloques pouvant générer des fissures.

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3. Les décollements de l’enduit

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Les décollements peuvent se produire dans plusieurs cas :

  • L’enduit a été projeté sur un support trop lisse et peu absorbant qui ne favorise pas l’adhérence ;
  • Le support était gelé au moment de l’application ;
  • Le support n’avait pas été humidifié par temps chaud ;
  • L’enduit a été projeté sur un support saturé en eau.

Les supports horizontaux sont impropres à recevoir un enduit. Il convient aussi de protéger les têtes de mur afin que l’eau ne s’infiltre pas entre le support et l’enduit. De la même manière, il convient de protéger le mur des remontées capillaires.

4. Les défauts d’aspect

a. Les salissures

De nombreux types de salissures peuvent altérer la surface d’un enduit. Elles ne compromettent pas leurs performances mais nuisent à son esthétique.

Deux types de salissures sont à l’origine de l’encrassement des enduits :

  • Les salissures d’origine biologique liées à la croissance de micro-organismes
  • Les salissures issues de la pollution atmosphérique

La propagation de ces salissures s’effectue essentiellement par ruissellement et par rejaillissement.

Les salissures viennent de plusieurs facteurs : L’environnement (climat, environnement local), l’orientation, la conception du bâtiment.

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Les micro-organismes peuvent proliférés sur les façades très exposées à la pluie et recouvertes d’un enduit poreux. Ce sont des algues, des lichens, des mousses, voire des bactéries.

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b. Les enduits qui absorbent le dioxyde de carbone

Des auréoles blanches peuvent apparaitre à la surface de l’enduit quelques jours après avoir été appliqué. C’est la résultante de l’action du gaz carbonique de l’air avec la chaux contenue dans l’enduit.

La cause est l’excès d’eau dans le mélange, une température basse et une forte hygrométrie. Dans les conditions normales d’application, la carbonisation se produit à l’intérieur de l’enduit et n’a aucune conséquence en surface.

c. Les spectres ou fantômes de joints

C’est lorsque la maçonnerie (briques ; parpaings, etc.) est visible par transparence sous l’enduit de façade. On voit alors les joints entre les blocs se dessiner.

Il arrive que l’enduit se microfissure au pourtour des blocs constituant la maçonnerie suite à un phénomène de retrait. Cette fissuration sera perceptible après la pluie : l’eau stagne le long des fissures, sèche moins vite et à terme, des moisissures apparaissent, rendant le phénomène visible.

Enfin, le spectre sera permanent si les joints sont trop larges et très garnis. L’enduit n’a alors pas la même couleur au droit des joints que sur les blocs. C’est la situation la plus fréquente : l’enduit n’aura pas une teinte homogène du fait qu’il aura séché plus lentement au niveau des joints qu’à la surface des blocs qui est plus absorbante.

Souvent le phénomène s’observe après la pluie : l’enduit sèche plus vite sur les joints. Le spectre est alors occasionnel.

L’épaisseur de l’enduit aura une influence sur le spectre. Plus il est épais, moins le spectre se verra.

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d. L’aspect non homogène de la façade enduite

Des défauts peuvent être directement liés à la réalisation :

  • Dans le cas d’enduit à base de chaux, la présence de grains mal broyés pourra créer des cratères par le fait qu’ils n’auront pas été convenablement mélangés.
  • Dans le cas d’une finition talochée, un manque de serrage de l’enduit pourra conduire à l’emprisonnement d’air et encore une fois à la création de cratères.
  • La teinte de l’enduit pourra manquer d’uniformité si le mélange avec l’eau n’a pas été identique ou si la vitesse de séchage n’a pas été identique. (L’exposition des façades ou des matières de supports différents peuvent avoir un impact sur la vitesse de séchage.)
  • Un enduit gratté trop tardivement présentera des traces lisses qui vont contraster avec des surfaces plus ouvertes.

L’expérience de l’enduiseur en plus des conditions d’application sont donc des éléments importants pour la réussite d’un enduit de façade.

D’ailleurs son conseil sera important sur le choix des teintes du crépi car plus elles sont soutenues, plus elles sont sensibles à la différence de teinte.

5 . Réparer les désordres

Le mode de réparation passe par l’analyse précise de la pathologie.

L’enduit est-il adhérent ou non ?

Les fissures sont-elles vivantes ou mortes ?

Quel est le résultat attendu, sa durabilité ?

La façade est-elle imperméable ?

Faut-il réaliser des travaux lourds ou se contenter d’un ravalement de façade décoratif ?

Il n’est pas toujours évident à première vue de connaitre le détail des travaux à réaliser. Mais après un sondage, et une observation attentive des façades, on peut avoir une bonne idée de la préconisation.

Le sondage consiste à vérifier l’adhérence de l’enduit sur son support. On testera en priorité la base des murs, les zones fissurées, ou les surfaces boursouflées.

Lors du diagnostic, il faudra savoir si la fissure est structurelle ou si c’est simplement l’enduit qui est fissuré.

Voir Dossier Expert Les différents types de fissures sur les façades.

Le développement de micro-organismes conduira à apprécier la porosité de l’enduit et nous donnera une indication sur son exposition. La pulvérisation d’un fongicide pour un nettoyage en profondeur sans agressivité sera nécessaire avant l’application d’une peinture pour protéger les façades des intempéries.

Un enduit poreux est souvent friable. Il sera bon de le piquer avant de le refaire. L’accrochage d’une nouvelle couche est en effet susceptible de se révéler aléatoire. Un crépi pèse environ 15 à 20kg/m² donc attention à la superposition des couches de crépi, qui du fait de l’ajout du poids en façade pourrait se décoller.

Ces défauts peuvent être corrigés en réparant la façade grâce à des enduits de réparation. Une fois réparés et même si la réparation est très bien réalisée, l’application d’une finition au rouleau qui épouse le relief des façades pourrait laisser apparaître malgré tout les défauts liés à ces réparations. Certains revêtements de finition qui s’appliquent à la taloche ou avec une machine à projeter peuvent cependant masquer les imperfections et uniformiser le support.

Voici les principaux revêtements de finition utilisés en rénovation :

  • Les Films Minces (Peintures) Pilolites, Acryliques ou Minérales qui s’appliquent au rouleau,
  • Les Revêtements Semis Epais (RSE) qui s’appliquent au rouleau
  • Les Revêtements Epais Structurés (RES) qui sont des revêtements organiques à base de résine d’une épaisseur d’environ 2mm et qui s’appliquent à la taloche ou avec une petite machine à projeter.